Mon père va la trouver ; la pépite ! Cest bien pour cela quil sépoumone dans lodeur âcre du goudron brûlant, quil sesquinte à creuser au plus profond. Il ne le dit pas, surtout à ma mère qui serait capable de se moquer de lui. Mais il y croit dur comme fer quand il enfourche son Solex, son lourd bleu sur les épaules, avec ses bottes lacées, ses gants larges sur le guidon. On leur a raconté, à lui et à dautres chercheurs dor venus aussi de pays lointains, que la sueur des hommes qui ont travaillé là sétait polie avec le temps pour devenir pépite. Un jour, mon père fracassera dun coup de pioche la pierre qui labrite.
La pépite rira aux éclats, scintillera, clignotera Sans alerter ses collègues, il nest pas fada mon père, il lâchera sa pioche, le souffle coupé, la main tremblante. Entre ses doigts aux ongles cassés, il la saisira, si fine, une goutte deau, la posera délicatement dans le creux calleux de sa paume. Elle bouge, sétire. On dirait une larme.
Ajouter un commentaire
|