Ce matin, j’ai décidé d’aller faire un grand tour. Le ciel est bleu, les oiseaux chantent, je suis d’humeur champêtre. Comme à l’accoutumé, je prends la poudre d’escampette lors de la sortie matinale de Volga. Le maître a beau crier: - Petrus, reviens ici ! Peine perdue, je suis déjà loin….. Dans la maison située en contre-bas, j’ai repéré une superbe chatte noire et blanche. Nouvellement arrivée dans le quartier, une visite de politesse s’impose. La chatte en question se repose sur un banc de pierre du jardin, se lèchant méthodiquement. Je me gratte le fond de la gorge et hasarde un : - Bonjour ! La chatte relève la tête, me regarde de la tête à la queue, puis me salue. - Bonjour ! Je m’appelle Minette, et toi ? - Petrus, je m’appelle Petrus. J'habite la maison qui surplombe la tienne. Minette se lève et m’invite à venir me reposer dans la cave où on accède par la porte du garage. Je la suis. Dans la cave, il y a des bouteilles de vin, des pommes de terre, des vieilles valises et tout un bric-à-brac. Une partie du mur du fond s’est écroulée, des pierres y sont amoncelées. La maison a été construite sur des rochers. Minette me dit qu’elle vient de la région parisienne où elle n’avait ni jardin ni copain, et qu’elle est heureuse d’être venue dans la région. Après avoir échangé nos impressions, elle sort, me disant « je reviens ». A ce moment la porte du garage se ferme violemment et je me retrouve tout seul dans le noir, sans pouvoir sortir. Je me dis que ce n’est pas grave, que Minette va revenir. Je n’ai qu’à m’installer sur une valise et attendre. Les heures passent et pas de Minette, pas de bruit. Je commence à en avoir assez. J’ai faim, j’ai soif. Je miaule, mais aucun écho à mes miaulements qui deviennent désespérés. Je vais vers les pierres éboulées, mais l’une d’elle tombe et je reste coincé. Cette fois-ci, c’est la panique ! Je me mets à hurler des miaulements à fendre l’âme. Rien, je n’entends rien, pas un bruit, même pas une souris pour me distraire. J’ai très peur tout à coup. Je ne vais tout de même pas finir ma vie dans ce trou, coincé entre deux pierres, sous un éboulis de sable et de rochers ! J’ai passé toute la nuit ainsi. Brusquement, je vois arriver une femme qui rampe et qui m’appelle « Petrus, Petrus, tu es ici ? » Je miaule, mais je suis terrorisé et mon premier réflexe est d’essayer de fuir, ce qui fait s'écrouler encore un peu plus le sable. Mon sauveteur arrive à ma portée,. Je la reconnais, c’est Chantal, la nounou de la maison, échevelée, couverte de poussières et toute rouge. - Ben mon Petrus, qu’est- ce- que tu fais là ? On te chercher partout depuis deux jours ! Deux jours ! Je suis resté deux jours ! Cela ne m’étonne pas que mon estomac crie famine ! Elle arrive à me dégager et me prend dans ses bras. La sortie est folklorique parce que ma maîtresse est furieuse après la voisine. - Comment ! Vous avez entendu mon chat miauler toute la nuit, puisque vous dites que vous n’avez pas pu dormir, j’ai mis des affiches dans tout le quartier pour le retrouver et il a fallu que je me fâche pour que Chantal puisse aller dans votre cave dont vous interdisiez l'entrée sous le prétexte que votre mari n’était pas là ! Et en plus, vous n’êtes pas contente !! - Ah, mais je n’ai pas que cela à faire ! répond la voisine excédée. - Eh bien, s'il était arrivé quelque chose à Petrus, j’aurais porté plainte, rétorque ma maîtresse. C’est quand même agréable de se sentir aimé.... Chantal n’a pas attendu la fin de l’altercation. Elle est rentrée avec moi dans la maison, en me disant plein de mots d’amour. J’avais, dans les poils, du sable qui me démangeait. Elle m’a brossé, lavé (hélas, quoi que je fasse, c’est une fatalité, il faut que l’humain me lave !). J’ai eu très, très peur. Je n’irai plus voir Minette car je crains que sa maîtresse ne me reçoive à coups de balai. Dommage, elle avait l’air sympathique, Minette !
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