Le printemps est revenu, je suis content, les oiseaux ont pris possession de leurs arbres et j’entends leurs chants dans les arbres qui me remplissent de joie. Je vais pouvoir gambader et grimper à ceux-ci afin d’essayer d’en attraper un ! Enfin, j’essaie, car ma maîtresse dit que je suis très maladroit à ce jeux-là.
Le soleil a fait pousser les fleurs et le gazon, la maisonnée se réchauffe de ses rayons, aussi Jaldane n’a-t-elle plus besoin de faire brûler du bois dans la cheminée. Je n’entends plus la cassette qui ronfle et je ne monte plus sur le tabouret près de la cheminée pour regarder le spectacle des flammes qui dansent et me réchauffent le cœur et mes vieux os.
Jaldane a bien remarqué ma nostalgie lorsque je passe devant la cheminée, je pousse un petit miaulement de dépit, même si le temps dehors est au beau fixe, j’aimerai bien voir de nouveau les flammes virvolter.
Jaldane s’approche de moi et tout en me caressant derrière les oreilles (j’adore ça) elle me dit :
« tu sais, nous allons appeler un ramoneur, il va s’occuper de la cheminée afin que l’hiver prochain tu puisses à nouveau ronronner près de la cheminée ».
Un ramoneur !!! c’est quoi un ramoneur ? Le lendemain, je vois s’arrêter dans la cour, une voiture et sortir un monsieur avec un balai bizarre, dont le bout est tout rond auquel il ajoute des manches qui lui donne une longueur impressionnante.
Il est venu inspecter la cheminée puis il a déposé tout autour de celle-ci de grands morceaux de tissus pour la suie dit-il.
Je suis intrigué que va-t-il faire à Ma Cheminée ? Je ne voudrais pas qu’il lui fasse du mal.
Je décide de ne pas le quitter d’une patte. Il prend une échelle et grimpe sur le toit. Malheureusement moi, je ne sais pas monter à l’échelle, aussi, je cours dans la maison afin d’aller surveiller de plus près la cheminée.
J’entends des bruits sur le toit et un héhéooooo attention, attention à quoi, ? curieux, (c’est ma nature) je saute dans le foyer afin de regarder par le trou béant qui monte jusqu’au ciel ce que fait cet énergumène à Ma Cheminée… ahhhhhh une énorme boule noire me tombe sur le dos, je crache et je miaule de rage. Je sors comme un diable hirsute de la cheminée et commence à courir partout ; ma maîtresse qui a entendu mes hurlements est arrivée et pousse à son tour des hurlements : « Petrus, Petrus arrête de sauter partout, tu mets de la suie … » mais moi, je suis affolé par cette poussière rentrée dans mes narines, mes yeux, mes oreilles et je continue à chercher désespérement un coin pour me réfugier. Mon maître alerté à son tour par les cris de Jaldane arrive dans le salon et hurle à son tour. Oh là là que d’histoires pour un peu de pattes sur le canapé, les coussins, les fauteuils, j’arrive à me faufiler entre les jambes de mon maître – pour une fois il n’arrive pas à m’attraper par la queue – et fonce dans le jardin.
Hélas, la veille, une pluie d’orage a fait de grandes mares dans le jardin, je déteste l’eau, je fais marche arrière et entre à nouveau dans le salon, mais mes pattes trempées dans les mares dessinent sur le carrelage de magnifiques empreintes boueuses et noires.
Jaldane est assise sur un fauteuil effondrée regardant le désastre.. Mon maître dit « de toutes façons Petrus est cuit (normal pour quelqu’un qui a fait un séjour dans la cheminée) j’ai fermé toutes les issues. Cette longue course m’a épuisé et je saute sur le rebord de la fenêtre pour essayer de lécher toute cette matière noire et collante.
Mon maître fond sur moi comme un aigle, m’attrape par la peau du cou et me secoue violemment au grand dam de Jaldane qui lui dit d’arrêter car je répands de la suie.
Oui, je connais la fin de l’histoire, elle va se terminer dans la baignoire qui sera noire elle aussi. Il paraît pourtant que Ma Cheminée, Elle, est toute propre !
Le ramoneur a rangé son grand balai, il a dit à ma maîtresse qu’il n’était pas responsable des dégats fait au canapé, fauteuils et tapis… Mon maître grommelle en disant que tout compte fait c’est dommage qu’il n’ait pas pensé à allumer la cheminée, je suis déjà à moitié cuit….