Après des études au lycée Condorcet où il rencontre Édouard Vuillard, Paul Sérusier et Ker-Xavier Roussel, Denis se forme au Louvre où les oeuvres de Fra Angelico déterminent sa vocation de peintre chrétien, marquée ensuite par la découverte de Pierre Puvis de Chavannes. Il étudie simultanément à l’École des beaux-arts et à l’Académie Julian en 1888 mais il quitte rapidement la première, la jugeant trop académique. Il rencontre cette même année Paul Sérusier qui lui offre un tableau, le Talisman. Il fonde avec ce dernier l’école des Nabis et en devient le théoricien[1]. Détachés ou non du christianisme, les Nabis cherchent des voies spirituelles au contact de philosophies et de doctrines teintées d’Orient, d’Orphisme et d’Ésotérisme. En 1892, au Salon des Indépendants, à vingt-deux ans il présente un tableau énigmatique « Mystère (Matin) de Pâques » signé en bas à droite du monogramme « Maud » qui ajoute encore au mystère de l’œuvre. En 1889, il découvre lors de l’exposition universelle la peinture de Paul Gauguin dont l’influence sera déterminante pour la suite de son œuvre. Il acquiert d’ailleurs l’une de ses peintures en 1903, L’autoportrait au Christ jaune, actuellement au musée d'Orsay. Entre-temps, il a rencontré en 1890 Marthe Meurier. Elle sera d'abord son modèle dans de nombreux tableaux et puis il l'épousera un an plus tard. Par ailleurs, à partir de 1890, il revient à un art plus décoratif, peignant de grands panneaux pour les habitations de plusieurs mécènes, dont la maison de Gabriel Thomas. Il achève en 1897 La Chasse de Saint-Hubert sur sept panneaux. Mais dès 1892 Maurice Denis délaisse une iconographie traditionnelle pour des symboles plus personnels. Il est fortement inspiré par la poésie symboliste et la poésie épique du Moyen Âge. Il introduit l’image de la femme dans des jardins paradisiaques dans lesquels les nuances et la pâleur des tons viennent révéler l’atmosphère rêveuse des lieux. Il découvre l’Italie, sa seconde patrie, en compagnie de sa femme et de son ami, le musicien Ernest Chausson, chez qui il loge à Fiesole. Il y peint une série de paysages et y fera dix voyages. Son style évolue progressivement, le peintre introduisant un certain modelé ainsi qu’une perspective du décor, retrouvant une tradition classique, dont témoigne, par exemple, Figures dans un paysage de printemps (1897). À partir de 1898, il aborde le thème des baigneuses au cours de plusieurs séjours à Perros-Guirec en Bretagne où il achète la villa Silencio. En 1906 il voyage avec Ker-Xavier Roussel en Provence et sur la côte, où la lumière des bords de mer lui permet d’exalter les couleurs et de souligner la violence qui émane souvent de ces légendes.[2].
Le Prieuré à Saint-Germain-en-Laye, propriété de Maurice Denis, aujourd'hui Musée Maurice Denis.
Il réside une grande partie de sa vie à Saint-Germain-en-Laye, utilisant les locaux d’un vieil hôpital appartenant à la paroisse. Il y construit un atelier en 1912 et devient propriétaire des lieux, qu’il renomme Prieuré , à partir de 1914 . Son succès est alors international, il est au sommet de son ascension sociale. La guerre et la mort de sa femme le 22 août 1919, après de nombreuses années de maladie, renforcent son action pour un art chrétien. Il se consacre alors à la décoration de la chapelle de son prieuré par des fresques murales, la conception des vitraux, du mobilier, le tout sur le thème de Sainte Marthe. Bien qu'inachevée, elle est inaugurée le 25 mars 1922. Elle servira à plusieurs reprises pour des cérémonies religieuses puisque le peintre y mariera plusieurs de ses enfants. Il épouse cette même année, en secondes noces, Elisabeth Graterolle. Il enseigne à l’académie Ranson de 1908 à 1921. Il fonde en 1919 les Ateliers d'art sacré avec Georges Desvallières, formant toute une génération de jeunes peintres. Sa reconnaissance officielle atteint son apogée après la fin de la première guerre mondiale et plusieurs expositions rétrospectives montrent son travail (Biennale de Venise en 1922, Pavillon de Marsan à Paris en 1924. Il dispose de plusieurs mécènes et Étienne Moreau-Nélaton acquiert l’une de ses œuvres, Amour, Foi, Espérance (1915) qu’il donne au musée du Louvre en 1919. Catholique, membre du Tiers-Ordre dominicain, tout en s'estimant proche de l'esprit franciscain, il interprète des thèmes empreints de tendresse. Politiquement, il est proche de l'Action française, qu'il quitte après la condamnation du mouvement par Rome. Il est élevé à la dignité de commandeur de la Légion d'honneur en 1926 et élu membre de l’Académie des beaux-arts en 1932.
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