La nostalgie m’a revêtue de son manteau gris.
J’ai pleuré le bonheur d’antan.
J’ai vu défiler ma vie.
Inexorablement le fil brillant
Des années passées
J’ai vu lorsque j’étais Reine d’Egypte
J’ai vu lorsque j’étais Impératrice de Chine
J’ai vu lorsque j’étais soubrette au service de Fanfan la Tulipe
J’ai vu lorsque j’étais favorite de Louis XIV
J’ai vu lorsque je suis née au siècle dernier
J’ai vu lorsque je me suis réveillée
Hélas j’ai vu
Ce visage ridé,
Ce cerveau dérangé,
Pourquoi aller voir dans le miroir
Lorsqu’on sait déjà qu’il n’y a plus d’espoir
J’ai aussi vécu au temps de l’inquisition
La sorcière aux os brisés
Les cicatrices m’ont marquée à vie
Parce que l’on m’a soumise à la question
Et que je ne pouvais dire la vérité
Sinon ma vie n’aurait pas été ainsi.
J’ai vécu un nombre d’ivresses
Que je ne regrette pas
Mais je suis à une période d’indélicatesse
Que je n’assume pas
Je suis fragile
Je suis débile
Je suis fébrile
Je suis irraisonnée
Je suis irraisonnable
Je suis à la fois pleine d’espoir
Et emmitouflée de désespoir
Je suis détestable
Mais ainsi je suis née.
Et j’attends
La fin de ma vie
Que je n’aurai pas remplie
Suffisamment
J’attends encore
Des moments libérateurs
D’espoirs fous
De passions démentielles
J’attends encore
Le soubresaut du cœur
Lorsqu’il devient mou
Et est parti au ciel © Françoise