1- La connaissance de soi :
Si on veut enseigner à nos enfants à tirer le meilleur parti de la vie et à s’actualiser en tant que personne, il importe d’abord de les aider à se connaître eux-mêmes. Ainsi, dès leur plus jeune âge, je vous encourage à les questionner fréquemment sur leurs besoins, ce qu’ils aiment ou non, leurs intérêts et leurs opinions. Quelles sont leurs préférences, dans les jeux, la nourriture, les activités, les matières scolaires? Quelles sont les qualités qu’ils apprécient chez leurs amis et les défauts qu’ils ne peuvent supporter? Quels sont les vêtements qu’ils aiment porter, leurs parfums préférés et les films qu’ils aiment voir? Quels sont leurs rêves et leurs aspirations? Que pensent-ils de l’actualité? Pour qui voteraient-ils lors des prochaines élections? Bien entendu, ces opinions vont considérablement changer à travers les années, mais en demandant fréquemment à vos jeunes d’exprimer leurs pensées et leurs opinions, vous les aiderez à forger doucement leur personnalité.
Par ailleurs, aidez-les aussi à se bâtir une opinion favorable mais réaliste d’eux-mêmes. En effet, alors que certains parents ne mettent l’emphase que sur les lacunes et défauts de leur marmaille, ( tu es fainéant, menteur, lunatique, etc. ) d’autres, au contraire, s’évertuent à tellement valoriser leurs enfants qu’ils leur renvoient une image déformée de leurs capacités. Je vous encourage donc à parler fréquemment à vos enfants de leurs forces et qualités mais aussi des éléments à améliorer ou des qualités qui ne sont simplement pas dominantes chez-eux. Il importe aussi que les différents membres de la famille apprennent à respecter qui ils sont, sans nécessairement se comparer à leurs frères et leurs sœurs. Ce n’est pas parce que l’un est sociable que l’autre est forcément timide ou parce que l’un est sportif que l’autre est intellectuel. Les enfants d’une même famille ne sont pas obligatoirement semblables ou à l’opposé l’un de l’autre. Maxence est excellent en mathématiques mais manque quelque peu d’organisation, alors que sa sœur Cloé est très sociable, excelle en théâtre mais n’est pas très sportive.
2- L’estime de soi
Pour être heureux et foncer dans la vie, il importe aussi, bien entendu, de s’aimer soi-même. Les parents, par leurs encouragements et leurs remarques positives ont un impact majeur sur le développement de l’estime personnel. On connait tous l’importance de la valorisation chez les tout-petits, toutefois, il faut éviter de tomber dans le piège de ne valoriser l’enfant que lorsqu’il adopte des comportements satisfaisants POUR LES AUTRES. Bravo ! Tu t’es habillé tout seul ! Maman est contente ! ,
Tu as eu une très bonne note en français, je suis fier de toi !,
Je te félicite : ton professeur dit qu’il ne t’entend pas dans la classe, que tu travailles bien sans jamais déranger les autres. Bravo!
Bien qu’il soit aussi pertinent de souligner les comportements pro-sociaux de vos enfants, je vous invite également à mettre en lumière ses qualités intrinsèques et les avantages pour lui-même de cultiver ces forces. Une merveilleuse façon de faire un compliment qui aura un grand impact sur l’enfant est la formule suivante :
qualité + parce que + comportement observé = résultats positifs pour l’enfant.
Par exemple :
. Ketty, je trouve que tu es vraiment travailleuse,
.parce que j’ai observé que :
.tu travailles très fort dans tes devoirs et leçons, tu es toujours prête à me donner un coup de main et tu te plains rarement quand tu as des tâches à faire.
.Ça te mènera loin dans la vie et c’est une qualité que tes employeurs vont beaucoup apprécier.
Ce type de compliment a énormément plus de valeur que 100 : Bravo championne! Tu as eu un bon comportement.
3- Prendre soin de soi, soi-même :
Presque tous les parents aiment prendre soin de leurs enfants. On a l’impression que c’est une grande partie de notre rôle. Alors on garde les yeux sur eux et dès qu’on pressent qu’ils auront un besoin ou une difficulté, on accourt comme un super héros. Bébé tente d’attraper un jouet hors de sa portée? On le prend et on le lui tend. Ambre a du mal à attacher sa veste? On arrive et on remonte la glissière. Axel trébuche et se fait mal au genou? On le console illico et on panse la blessure. Notre ado vit une peine d’amour? On fait tout pour lui changer les idées. Bref, on se sent efficace comme parent quand on pourvoit aux besoins de nos enfants. Or on ne sera pas toujours là pour répondre à leurs besoins. On a donc avantage à ce qu’ils développent la capacité à reconnaître et exprimer clairement leurs besoins mais aussi à prendre soin d’eux-mêmes de façon autonome.
En ce sens, lorsque vos enfants sont confrontés à une difficulté, résistez à la tentation de proposer trop vite une solution et questionnez-les sur leurs besoins et sur les solutions qu’ils envisagent. Noémie s’est querellée avec sa copine? Plutôt que de lui donner des conseils, demandez-lui : Comment te sens-tu dans cette situation? Qu’est-ce qui te met en colère? Comment veux-tu régler ça? . Corentin arrive de l’école de mauvaise humeur en disant qu’il en a marre de l’école? Plutôt que de le réprimander sur son attitude ou de lui faire un discours sur l’importance de l’école, demandez-lui : Ouf! Grosse journée? Qu’est-ce qui ne va pas? De quoi aurais-tu besoin pour te sentir mieux ce soir? Que comptes-tu faire?
4- L’affirmation de soi
C’est bien d’enseigner aux enfants à être gentils, empathiques et agréables avec les autres, mais comme ils ne seront pas toujours entourés essentiellement de personnes respectueuses, il importe également de leur permettre de mettre des limites à leur entourage et d’apprendre à se défendre contre les agressions.
Les enfants qui savent affirmer leur opinion, même si elle diffère de celle des autres, ceux qui osent être eux-mêmes au risque de déplaire, sont généralement plus populaires que les enfants trop gentils et sont moins à risque de subir de l’intimidation. Il faut donc commencer très tôt à leur enseigner l’art délicat de savoir mettre des limites à l’entourage, sans pour autant agresser les autres : ne pas tout tolérer sans devenir intolérant, proposer des activités sans chercher à tout diriger, partager sans tout laisser aux autres, dire parfois non au risque de déplaire tout en restant généreux, gentil et en demeurant empathique.
On aura aussi avantage à travailler sur l’attitude non verbale qui dénote de l’affirmation de soi : une démarche assurée, garder la tête haute, regarder les gens à qui l’on parle, sourire, adopter un ton de voix affirmatif, etc. Pour ce faire, il peut être pertinent de faire des exercices et des mises en situation avec l’enfant. On pourra également l’encourager à choisir des amis qui ont des valeurs semblables aux siennes par lesquels il se sent respecté et surtout d’apprendre à ne pas vouloir être aimé de tous.
5- Le sens de l’effort et la résilience
Encore une fois, dans un désir d’être les meilleurs parents au monde et de s’assurer que nos enfants vivent une vie agréable et confortable, bien des parents ont la fâcheuse tendance à rendre la vie de leur marmaille un peu trop aisée et facile. Noé fait un casse-tête ? On lui indique subtilement où mettre les morceaux, quitte à les mettre soi-même. Cléo désire une nouvelle figurine ? On passe la lui acheter dès que possible. Des tâches ? Hum, ça va tellement plus vite de tout faire soi-même. Gianni veut travailler cet été ? Je vais demander à mon voisin s’il ne l’engagerait pas. Malheureusement, à l’âge adulte l’argent ne tombera pas du ciel, ils devront cuisiner leurs repas et tout ranger par la suite et ne pourront pas se payer tout ce qu’ils veulent séance tenante. On ne peut malheureusement pas enseigner le sens de l’effort aux enfants sans les obliger à faire des efforts pour obtenir ce qu’ils désirent. Cessez alors de tout faire à leur place mais assurez-vous de garder une attitude motivante et qui semble dire :
OK. C’est difficile pour l’instant, mais j’ai confiance en toi, je sais que tu peux y arriver.
6- L’indulgence envers soi-même et les autres:
En même temps qu’on ne doit pas rendre la vie des enfants trop facile, il ne sert à rien non plus de tout dramatiser. Les enfants, comme les adultes, font des erreurs et de mauvais choix. Prenez garde à ne pas assommer l’enfant fautif sous une tonne de reproches aussi inutiles que démesurés dans l’espoir que s’il réalise la gravité de ses actes il ne récidive jamais. L’enfant doit apprendre à faire des choix et à en assumer les résultats mais il doit aussi apprendre à se pardonner ses erreurs et à en tirer des enseignements. Ainsi, si Mélissa a eu une mauvaise note à un examen après avoir peu étudié, il ne sert à rien de la sermonner avec colère. Elle risque alors de se fermer ou même de mentir afin de protéger son ego et pour échapper à la culpabilité. Il vaut mieux se montrer ouvert et indulgent et lui dire quelque chose comme : Hum… je pense que tu avais peu étudié n’est-ce pas ? C’est moche pour toi. J’ai confiance, tu sauras te reprendre au prochain contrôle. Comme modèle, soyez également indulgents envers vous-même et soignez votre perfectionnisme !
7- Voir la vie du bon côté et avoir du plaisir!
C’est bien d’être responsable et travailleur mais, pour être heureux, il faut aussi savoir sourire à la vie, lâcher la pression et rire un bon coup. Alors laissez parfois les tâches de côté, ôtez votre chapeau éducatif et ayez simplement du plaisir avec vos enfants. Chantez à tue-tête dans la voiture, dansez dans le salon, allez jouer dans la boue sous la pluie, prenez le temps d’observer les fourmis avec vos tout-petits et d’écouter des vidéos stupides avec vos adolescents. La vie est courte, profitez-en et apprenez à vos enfants à faire de même!
Cultivez aussi, dans votre famille, l’art du lâcher-prise. Le ciel vous tombe sur la tête? Et alors? Faites ce que vous pouvez pour ramasser les morceaux puis tournez le reste en dérision. Dans la vie, quand tout vous tombe dessus, mieux vaut en rire !
Apprenez aussi à vos enfants que parfois ils vivront des injustices, parfois ils auront des malchances ou vivront des catastrophes. Bien que certaines batailles méritent d’être menées, on ne contrôle pas tout et il faut savoir choisir ses combats. Devant une injustice il est parfois préférable de simplement hausser les épaules et passer son chemin. Ainsi, si David n’a pas été choisi dans l’équipe de hockey qu’il convoitait, peut-être vaut-il mieux le consoler et voir à quel autre sport il peut s’adonner plutôt que de pester pendant des mois contre une organisation qui fait du favoritisme. Si Manon a été punie injustement par son prof d’anglais, il vaut peut-être parfois mieux assumer la conséquence que de se mettre en colère et partir en guerre contre la direction. L’énergie dépensée pour gagner une bataille ne vaut pas toujours la peine. Quoiqu’il en soit, apprendre à être heureux est le travail de toute une vie. Il est donc préférable de commencer très tôt ! Et rappelons-nous que le bonheur est la somme des petites victoires et des petits plaisirs qu’on aura su apprécier à leur juste valeur.