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Blog créé le 06/12/2009

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Je suis devenue " égoïste " et j'ai commencé à vivre...

 23/07/2017

"Vivre pour soi-même" est une phrase qui fait peur à beaucoup de personnes. Les risques de ce style de vie sont bien connus :
le vice, la dépravation et la perte de son identité. Autrement dit, gâcher sa vie… Pourtant, un jour, j’ai réalisé que ma vie ne m’appartenait plus.

Il y avait beaucoup trop de "Je dois " et très peu de "Je veux". Mes responsabilités écrasaient mes rêves et je me consolais en cherchant des prétextes et des excuses.

C’est à cet instant précis que j’ai pris la décision de crier  : " Ça suffit ! ". J’en ai eu assez de mettre de côté mon âme et ma vie pour une poubelle à déchets radioactifs. J’en ai eu assez d’expliquer timidement comment j’osais faire passer mes intérêts avant ceux des autres. C’était l’heure de vivre pour moi-même. Choisir le bonheur, et non l’auto-hypnose. Vivre par amour, et non par obligation.

Et c’est comme cela qu’a débuté une année de ma vie, ingrate, asociale, à base d’égoïsme pur et dur. "Pur“"ou plutôt "réfléchi", petite nuance qui me permet d’échapper à l’image d’une rebelle ou d’une faiseuse de troubles. En effet, la plupart des gens pensent que la vie se résume à souffrir d’abord, et ensuite, pourquoi pas, à vivre pour soi avec les " restes ". Ils n’y voient là aucun problème.

Mais moi j’ai commencé à vivre au triple galop.

Seule contre tous

Au début, j’avais un peu peur et je n’étais pas sûre de moi. Il me manquait des arguments idéologiques. Je basais tout sur une vague mais puissante détermination que je faisais les choses comme il le fallait. J’avais le sentiment que je commençais un voyage autour de la planète sur une simple bouée gonflable. Je ne savais pas si je pourrais me battre contre tout un tas de "devoirs" ou d’espoirs et de projets lointains. Je ne voulais pas me métamorphoser en marginale et être mise dans la case "égoïste" . Mais malgré ça, je sentais bien qu’il s’agissait là de la seule voie vers la liberté.

Pour les autres personnes, mon plan était d’une inimaginable insolence. Car je sortais des règles du jeu qui interdisaient la défense d’une vie à soi. J’ai arrêté de m’excuser de mes désirs et de mes plans, de me justifier, de me sentir coupable d’être heureuse, tranquille et d’être la maîtresse de mon temps.

Non aux plaintes

La première chose que j’ai faite, a été de fermer le robinet qui remplissait ma vie de plaintes, de pesants monologues, de gémissements et de discours de haine. Je chéris mes parents, j’adore mes amies, je valorise mes collègues de travail et je respecte mes voisins du troisième âge. Mais cela ne veut pas dire pour autant que leurs infinies confessions à base de "quelle vie horrible", "ce sont tous des imbéciles et il n’y a que moi qui m’en rende compte", "tu imagines que ce crétin a osé me rappeler", doivent faire partie de ma vie.

J’ai enlevé la pancarte " Bureau des plaintes, disponible 7 jours 7 24h/24 ". Et ce geste est apparu comme un acte de désobéissance sociale. " Comment ? Tu ne souhaites pas entendre les détails de la vie de tes voisins ?
Leurs maladies, leur dépression, ou leurs projets de conquérir le monde ?
Tu ne souhaites pas écouter le disque rayé de ta meilleure amie à propos de ses peines de coeur (pour la énième fois) ? Méchante sorcière ! On devrait te brûler vive ! "

Petit à petit, mais avec énormément de conviction et de volonté, j’ai commencé à couper court aux plaintes avec ces simples mots :

" Je pense que ce sujet n’est agréable ni pour toi ni pour moi. Pourquoi tu ne me raconterais pas plutôt… ? ".

Je sentais mon coeur arrêter de battre, de peur d’être jugée. Je pensais recevoir des critiques et des offenses. En réalité, j’ai été surprise de me rendre compte que ma capacité à écouter de bonnes choses me permettait à mon tour de pouvoir en parler. C’est comme cela que peu à peu, l’habitude de se plaindre a disparu. En effet, en refusant d’écouter des histoires déprimantes, je n’avais pas non plus envie d’en raconter.

Oui, je suis bien en train de te dire que " non "

Vint ensuite la partie la plus compliquée. Commencer à utiliser l’étrange et indigne mot "Non".

En général, je disais oui à tout. Ma timidité renforcée par la peur d’offenser, me contrôlait complètement. Je me sentais mal de détruire l’image que je m’étais forgée aux yeux des autres. Mais, quand pour la première fois, un "non " sérieux sortit de ma bouche, je ne pus plus m’arrêter. Mes proches étaient aussi surpris que si j’avais avalé un éléphant entier devant leurs yeux.

Je rêvais toujours de mille et une choses mais je finissais toujours par faire ce que les autres attendaient de moi. Je remplaçais mes collègues de travail, je faisais des allers-retours pour dépanner les autres, je gardais les enfants de mes amies qui allaient faire la fête, j’arrosais les plantes des voisins, je promenais leur chien. L’enfant dévoué peut bien facilement se transformer en esclave professionnel. Mais j’ai dit " non " à cette jolie carrière.

Avec le temps, j’ai appris à séparer la paille et le foin : les requêtes sincères et les simples manipulations de parasites. Un " non " bien senti et utilisé à propos s’est transformé en ma meilleure arme pour ne pas me laisser marcher dessus et ne pas m’oublier.

Nous sommes tous libres !!!

L’affirmation " personne ne doit rien à personne " est bien jolie mais peu probable dans la vraie vie. Rejeter le rôle de l’éternelle redevance n’a pas été aussi difficile que d’arrêter d’exiger et de violer le droit de respecter la volonté de chacun. Chaque fois que je me rendais compte que je tendais à dominer la vie de quelqu’un, je m’arrêtais sur le champs.

Mes relations aussi restaient pleines de dettes. Elles disparaissaient peu à peu sous les reproches tels que "Moi je te donne tout, mais toi ne me donnes rien ". Les attentes et les exigences peuvent tuer aussi bien l’amour que l’amitié. J’ai résolu ce problème comme je résous les problèmes de maths. J’ai accepté les conditions comme non négociables et suffisantes. J’ai cessé de demander des petites récompenses pour combler mon égo, et j’ai cessé de me fâcher lorsque ma conjointe ne jouait pas exactement le scénario que j’avais écrit. Un beau jour, le gardien de le paix arriva sur le champ de bataille de nos égos en furie. Nous avons parlé toute la nuit, nous avons bu trois litres de café, et nous avons discuté avec toute la sincérité qui soit. Nous avons alors trouvé un accord : avoir le droit d’être qui nous sommes. C’est ainsi qu’on s’est échappé du scénario du drame éternel sur le chemin de la liberté.

Dorénavant, lorsque je me sens vexée ou offensée car une personne ne m’a pas prêté l’attention que j’attendais, ou qu’elle n’a pas satisfait mes attentes, je me répète comme un robot : " Nous sommes tous libres. "

Des liens, pas des chaînes

Le désir d’être accepté et la peur d’être rejeté sont deux choses bien trompeuses. Durant toute ma vie, je me suis entourée d’amies et de connaissances comme une protection contre le froid de la société. Et très vite, j’ai senti que je ne pouvais plus respirer. Elles m’étouffaient, elles ne me laissaient pas bouger. Et je ne savais pas comment m’en séparer car elles étaient toute très gentilles et adorables. Mais un égoïste réfléchi ne se cache pas dans les jupes d’un nombre infini de faux-amis. Quand on me demande "Combien d’amis as-tu sur Facebook?", sans aucune honte je réponds : "5"

Sois ton meilleur ami. Deviens une personne intéressante, inspirante et utile. Car en vérité, nous sommes tous seuls. Mais c’est encore pire si tu ne t’appartiens même pas à toi-même.

Espace personnel

Pour dire vrai, en commençant mon année "égocentrique" j’étais préparée à être seule aussi bien dans la vie réelle que virtuelle. Les soupirs de mépris qui soufflaient sur mon passage : "égoïste ! " voulaient bien dire que les gens ne me comprenaient pas. Je m’éloignais de plus en plus d’eux, et ma nouvelle vie devenait bien plus déserte et spacieuse. Cependant, la nature, elle, elle n’aime pas le vide. Très rapidement, elle s’est remplie de sujets et de personnes avec qui j’ai commencé à partager avec grand plaisir ma nouvelle essence, que j’ai eu tellement de mal à revendiquer.

Tout ce temps que je ne passe plus dans des obligations inutiles et des relations parasites, je l’offre à des personnes qui en ont vraiment besoin. Il ne s’agit en rien d’une oeuvre de charité. C’est aussi de l’égoïsme. Car je le fais d’abord pour moi et pour mon âme. Je soupçonne qu’un égoïste réfléchi devient par la suite un humaniste éclairé. Moi je ne suis qu’au début de la mutation, mais j’ai déjà perdu ma première couche.




 

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