C’est jamais drôle la mort des gens qu’on affectionne mais mourir en été ajoute une couche dramatique. Je me souviens de la mort de Marie Trintignant en été. Je me souviens de celle Claude Rich il y a 15 jours. De celle de Simone Veil à l’entrée de l’été. De celle d’Amy Winehouse aussi. Je me souviens de la mort de Dalida juste avant l’été, en mai. De celle de Coluche en juin. On ne devrait pas mourir aux beaux jours. Aux beaux jours on devrait bronzer, boire des verres les pieds dans le sable, mettre des robes légères et fleuries, ne penser à rien, dormir, lire, s’aimer, décompresser. Mais mourir, non.
On devrait aussi tous avoir connu ces chanteurs, de Barbara à Brel en passant par Gainsbourg, Berger ou Reggiani. On devrait tous avoir connu les films de Godard, les Demoiselles de Cherbourg et la voix de Macha Béranger à la radio. On devrait avoir vu les films avec Mastroianni ou Ingrid Bergman. On devrait savoir par coeur lire sur les lèvres de Rudolph Valentino, savoir qui était Camus ou Romain Gary, chanter avec Yves Montand.
J’ai été élevée aux chansons d’une autre époque. J’ai toute mon enfance écouté Berthe Sylva (morte en 1941) ou Ray Ventura. Claude François c’était déjà moderne à la maison !
J’ai dévoré les films de Godard, j’ai voulu être Grace Kelly ou Simone Signoret.
Cette époque, je pensais en faire partie. Je me disais que Jeanne Moreau ne devait pas être beaucoup plus vieille que moi. Pourtant si. Elle est partie hier à 89 ans, à bout de souffle. Et moi, du haut de mes 47 ans, je suis nostalgique d’une époque où j’aurais aimé vivre, vibrer, aimer.
Je souhaite vraiment, absolument, infiniment que ma filles ou les enfants de mon entourage... sachent qui elle est.
Comme Barbara, comme De Funès, comme Gainsbourg, comme Sinatra, comme Charles Trenet, comme Chabrol, Truffaut, Godard et tous ces merveilleux artistes.
Mais les artistes ne meurent jamais, si ?