"Dans un couple hétérosexuel, sommes-nous toujours sûrs que la femme fasse la femme, et d’ailleurs, que signifie “faire l’homme”, “faire la femme” ? Être pénétré, passif, est-ce de l’ordre d’une nature féminine ou d’une idée reçue sur le féminin ? Dans le fantasme, le féminin est dans l’accueil, l’abandon et la déresponsabilisation vis-à-vis du désir, tandis que le masculin est porteur du désir et de la violence… Ces fonctions peuvent pourtant être interchangeables dans le couple hétérosexuel, comme dans le couple homosexuel, au-delà de l’emboîtement physique des corps.
Mais pourquoi avons-nous tant besoin de soulever les couettes ? Cette interrogation exprime notre besoin de regarder par le trou de la serrure, de la même manière que, enfant, nous avions envie de découvrir ce qui se passait dans la chambre des parents, tout en redoutant d’être confrontés à leurs ébats supposés. Que dit de nous cette curiosité ? L’homosexualité nous confronte inconsciemment à notre difficulté d’assumer pleinement le fait d’être un homme ou une femme, donc d’avoir à renoncer à l’autre identité. Nous sommes fascinés, car nous aimerions, par moments, quitter notre spécificité pour nous fantasmer en train d’incarner l’autre sexe. Ainsi, tout ce qui sert l’idée de la confusion des genres nous attire. Nous nous plaisons à imaginer que l’homosexuel peut assumer les deux rôles. Mais, comme cette idée nous fascine tout autant qu’elle nous inquiète, nous aimons aussi nous dire, pour nous rassurer, que la relation homosexuelle se passe comme dans le couple hétérosexuel : nous voulons rétablir à tout prix de la différence ! Au fond, cette question nous renvoie essentiellement à nos propres interrogations sur nos désirs et nos pulsions sexuels. »
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